Le lundi 31 juillet 2017 – Venise – Murano – Burano

Très tôt, il fallut nous séparer de Stéphie qui devait prendre l’avion pour reprendre le travail le lendemain à  Miami. Adrien et moi l’avons accompagnée au port d’embarquement pour prendre un Vaporetto qui l’amènera à l’aéroport. Stéphie vient de terminer sa dixième année d’étude pour devenir un dentiste spécialiste en pédiatrie. Depuis qu’elle s’est lancée dans cette branche, j’ai encore plus de respect pour les médecins et dentistes qui consacrent les plus belles années de leur vie aux études. C’est vraiment une vocation.

Magnifique pièce de verre de Murano exposée devant une fenêtre donnant vue sur un canal

Le Boscolo et l’Hôtel Giorgione  nous offrent un transport gratuit jusqu’à l’île de Murano. Il est intéressant d’apprendre qu’en 1291, à la suite de plusieurs incendies à Venise, les verriers furent déplacés à Murano, faisant ainsi de cette île de la lagune de Venise, le centre mondial de la verrerie. Le groupe de l’Hôtel Boscolo est amené directement au « New Murano Glass » où le groupe de l’Hôtel Giorgione est introuvable. Nous regardons néanmoins avec intérêt et admiration le travail du verre dans l’atelier où nous sommes reçus par Emmanuel, un membre de la famille propriétaire du « New Murano Glass ». Il nous explique qu’un maître souffleur de verre reçoit une formation de quinze ans et qu’il n’y a pas d’école pour apprendre ce métier. On devient apprenti, puis on gravit les échelons. Que d’aptitudes il faut pour souffler le verre pendant qu’il est encore chaud ! Il  faut agir vite, avec dextérité et précision pour former un objet d’art. Je me demande si quinze ans de formation et d’expérience me suffiraient pour que j’arrive à maîtriser leurs techniques et à produire une belle prestation. Je pense beaucoup à ma sœur Pascale qui nourrit le rêve (ou le fantasme) de savoir un jour souffler le verre. La salle d’exposition et de vente de ces œuvres d’art, dans laquelle nous sommes ensuite introduits, regorge de pièces magnifiques, toutes signées. Les œuvres de ces artistes ne sont vendues uniquement dans la boutique que nous visitons, nous dit-on, aucun magasin de Venise ne peut les proposer. Nous passons beaucoup de temps à admirer chaque pièce. Parfois, Emmanuel en déplace une pour la placer devant une fenêtre et l’exposer ainsi à un rayon de soleil qui, en traversant le verre, lui donne une merveilleuse luminosité avec, en arrière-plan, la vue d’un canal bordé de monuments sur l’autre berge. C’est magnifique de se trouver devant une telle beauté.

Nous parvenons finalement à contacter le groupe de l’Hôtel Giorgione qui a aussi visité un atelier de verrerie et sa boutique, à Murano. Il est tout aussi enchanté que nous. Nous ne nous attardons pas sur l’île de Murano qui est pourtant jolie et qui ressemble à une petite Venise. Nous avons tous envie de visiter Burano, île sur laquelle nous pouvons nous rendre en 40 minutes. Le bateau que le Boscolo a mis à notre disposition peut prendre tout le groupe. Sur l’île de Burano, nous sommes reçus par le jeune et beau Andrea, membre de la famille Bon qui possède les magasins de broderie et dentelles « La Perla ». Burano, petite ville de pêcheurs, est connue pour sa dentelle. Tous les hommes du groupe admirent l’élégance d’Andrea vêtu de lin, dans un pantalon qu’il a retroussé plus haut que les chevilles, une chemise blanche aux manches longues également retroussées et ces adorables mocassins portés sans chaussettes. Les femmes les taquinent : méfiez-vous, il faut avoir le physique d’Andrea pour avoir aussi belle allure dans ces vêtements !

Burano, petite ville de pècheurs

Avant de commencer notre promenade touristique, nous disons à Andréa, qui parle bien l’anglais, que nous avons faim. Nous nous sommes laissés dire que Burano, étant un village de pêcheurs, constituait l’un des meilleurs endroits pour manger du poisson… Andrea nous amène déjeuner au restaurant Galuppi où, sur la terrasse, nous dégustons avec appétit un délicieux poisson grillé que le serveur prend le temps de désosser devant nous pour nous le servir en filets, que nous arrosons d’huile d’olive. Le poisson est accompagné d’un risotto aux fruits de mer. Un régal ! Chaque ingrédient semble être directement sorti de son milieu ambiant pour arriver dans notre assiette. C’est tellement bon que je sens que je pourrais faire un aussi long voyage rien que pour le plaisir de manger aussi simplement bien !

Andrea nous amène ensuite au magasin de ses parents, La Perla,  où nous pouvons admirer de la dentelle et de fines broderies faites à la main.  Les pièces sont toutes belles et tentantes dans la mesure où elles présentent l’avantage de ne pas pouvoir se casser. Elles sont faciles à transporter et ne prennent pas de place dans une valise. Chacun se laisse tenter par un ou deux objets. Je m’achète un carré de lin bleu, ajouré sur les côtés,  purs raffinement et délicatesse.

Nous avons maintenant le temps de visiter cette île ô combien charmante de 3,000 habitants avec ses maisons aux couleurs vives au  bord de ses canaux. C’est adorable et relaxant de marcher tranquillement dans un lieu aussi pittoresque et curieusement non envahi de touristes. Burano, c’est la vie en couleurs ! Sur un balcon, nous voyons du linge tendu sur des lignes.  Même cela est agréable à l’œil.  Andrea nous fait une plaisanterie : la population est si petite, que les habitants de l’île se connaissent tous, nous dit-il ; ils savent même quels sous-vêtements chacun porte…

Après cette après-midi relaxante, le groupe de dix embarque dans un taxi bateau pour se rendre à l’hôtel Boscolo de Venise. Nous voulons faire visiter l’hôtel et ses beaux jardins à ceux qui logent ailleurs. Il paraît que le jardin du Boscolo est le plus grand jardin privé de Venise. Il est super bien tenu et est impressionnant. Le paysagiste fait du bon travail. Nous en profitons pour faire un tour dans la cave la mieux entretenue de Venise située dans ce jardin. La cave dispose d’un point central qui laisse entrer la lumière du jour. Inspirée par l’éclairage naturel de l’endroit, Sylvie arrive à y faire des photos superbes.

Notre groupe, déjà conséquent, compte rencontrer ce soir ma nièce Victoria qui arrive aujourd’hui à Venise avec son boyfriend Tyler. Nous leur avons promis de dîner avec eux. Maria et Gaethan, globe-trotteurs et amateurs de bonne cuisine, nous ont chaudement recommandé le restaurant National, mais il s’avère qu’il s’agit d’une petite cuisine authentique qui n’accepte pas de réservation pour plus de cinq personnes. De fait, nous laissons Alejandra et Luc Arthur accompagner Victoria et Tyler à ce restaurant: le National. Sur recommandation de l’hôtel, le reste du groupe va manger à Hosteria Al Vecio Bragosso, Strada Nuova 4386, S.S.Apostoli – 30 131 Venezia. Adrien et moi, les doyens du groupe, mangeons en tête à tête, à l’intérieur climatisé, tandis que les plus jeunes s’installent dehors sur la terrasse. Tout le monde en sort satisfait.

Le dimanche 30 juillet 2017 – Kranjska Gora, Slovénie – Venise, Italie

Aujourd’hui, dans la salle du petit déjeuner de l’Hôtel Ramada à Kranjska Gora,  les conversations se ressemblent : « que le mariage était beau ! Et où allez-vous maintenant ? ». Bien évidemment, chacun a son plan. Adrien et moi continuons notre voyage avec notre famille, mais, pour ma part,  j’ai le cœur gros d’avoir à  me séparer de mes sœurs. Nous avons attendu dix-neuf ans pour être toutes ensemble. Vu l’âge que nous avons maintenant atteint, nous ne pourrons pas attendre aussi longtemps pour une pareille réunion. J’ai les larmes qui me montent aux yeux quand je pense qu’il ne faudrait pas que ce soit la dernière fois.

Ma sœur aînée, Pia, va passer juste une nuit à Munich avant de se rendre au Portugal avec ses enfants résidant en Allemagne. Dominique et la famille Godefroy, Catherine et sa famille se rendent pour quelques jours à Umag, sur la côte de la Croatie. Les mariés les y retrouveront pour une nuit. Pascale ne veut pas profiter d’un séjour en Europe sans visiter Pau, car son ancien patron Alain et sa femme Gisèle avec qui elle a gardé d’excellentes relations, y habitent. Pascale travaillait alors au Méridien à New York. Cela fait longtemps qu’elle a envie de les revoir. Après quelques jours à Pau, elle se rendra à Munich d’où elle partira avec Dominique, pour quelques jours, à Dresde, en pèlerinage dans la ville natale de notre papa que nous venons de perdre. Ces dames vont revoir là-bas notre cousin Faramund.

Moi,  je vais à Venise avec Adrien,  mes trois enfants, mon gendre, ma belle fille et mes deux petits enfants. C’est bien la première fois que je connais ce bonheur de voyager avec toute ma famille.

Notre caravane composée de deux voitures a 240 Kilomètres de route à parcourir ; Google Map estime que nous pouvons effectuer ce trajet en 2 heures et 45 minutes. Nous sommes chanceux d’avoir Stéphie aujourd’hui dans le groupe. Son programme de résidence en art dentaire pédiatrique ne lui donne pas beaucoup de temps libre et nous ne pouvons pas toujours jouir de sa présence.

Les téléphones s’activent lorsque nous nous approchons de Venise.  Comment arriver à Venise en voiture ? Qu’allons-nous faire des véhicules loués dans une ville où ne circulent pas les voitures ? C’est la première fois depuis le début de ce voyage que je sens monter la tension… Nous aurions dû mieux nous informer. Ceux qui connaissent déjà Venise ne savent donc pas ce qu’il y a lieu de faire ? Nous devrions appeler les hôtels. Oui, Sylvie, Herbert et leurs enfants n’ont pas réservé le même hôtel qu’Adrien et moi, Alejandra et Luc Arthur et Stéphie. On est tous un peu nerveux. Mettons cela sur le compte de la fatigue.  Heureusement que Google existe et nous explique que nous pouvons garer les deux voitures au parking Piazzale Roma, d’ailleurs bien indiqué par les panneaux de signalisation quand nous nous approchons de la ville. Le tarif est assez cher : 25 euros par 24 heures et par véhicule, mais notre séjour dans cette ville n’est pas long et c’est commode.

Une fois garés, je prends la précaution de noter l’étage et la section où nous avons placé nos voitures. Si nous oublions cette information, nous ne retrouverons jamais nos deux véhicules parmi les deux mille autres. Dans ce parking, la signalisation est bien faite et il suffit de la suivre, mais chacun a sa propre opinion, ce qui crée des discussions inutiles dont je rends la fatigue responsable. Finalement, l’on décide de suivre tout simplement les flèches qui mènent aux taxis. Un seul taxi accepte de nous prendre tous. Nous donnons les noms de nos deux hôtels et nous voilà partis !

Le taxi s’arrête d’abord pour Sylvie et sa famille. Heureusement que,  grâce à son métier de publiciste et graphiste, Sylvie a la mémoire visuelle. En effet, au moment où nous accostons pour la faire débarquer, elle dit qu’elle ne reconnaît rien de ce qu’elle a vu en photo. Elle montre alors au chauffeur de taxi sa réservation. Il confirme que ce n’est pas l’endroit et s’excuse de son erreur.

Le reste du groupe est déposé au merveilleux Hôtel Boscolo où une surprise nous attend. On nous annonce à Adrien et moi que, grâce à notre carte de fidélité dans la chaine Marriott,  nous avons droit à un surclassement pour ce séjour. Rendus dans notre chambre, nous la découvrons princière ! Elle doit faire 100 mètres carrés, avec de superbes moulures au plafond, trois lustres extraordinaires, une armoire antique de toute beauté, sculptée et peinte, un bar ! Quelle chance ! Le grand luxe et le grand confort. Quand les enfants viennent visiter cette chambre, ils déclarent en rigolant: la chambre est si belle que cela ne vaut peut-être pas la peine d’en sortir. Mais nous sommes à Venise ! Et Venise est à voir et à revoir !

Nous partons à pied retrouver les autres.  À Venise, on marche !  Carte en main, nous errons tranquillement à travers les rues. Nous nous rendons d’abord à l’Hôtel Giorgione où logent les Linge ; nous le découvrons plein de charme et bien placé, puisqu’il se situe non loin du Palais de la Ca’d’Oro sur le Grand Canal, de la Place Saint-Marc et du Pont Rialto où nous nous sommes donné rendez-vous à trois heures de l’après-midi. La réception nous fait savoir que les Linge sont sortis.  La foule est compacte du côté du Pont Rialto, il fait chaud et nous commençons à avoir faim. Quand nous nous retrouvons, nous sommes heureux de nous entendre dire par un serveur du Restaurant Rialto qu’il peut accommoder une table de neuf. Nous mangeons de bon appétit ne prenant pas de dessert, car nous préférons l’idée de nous acheter chacun un cornet de gelato dans un stand qui ne désemplit pas, à proximité.

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Nous avons maintenant assez d’énergie pour reprendre notre marche. Sur la place Saint-Marc,  d’autres retrouvailles nous attendent : les Linge vont continuer leur voyage en faisant un tour d’Italie avec leurs bons amis, Nathalie et Jair Saint-Louis et leurs deux filles, Rania et Savannah. C’est toujours une belle émotion pour moi de retrouver en terre étrangère des amis ou connaissances.  Nous sommes contents de nous voir. Nous prenons un verre ensemble au bord du Grand Canal, dans le décor cinématographique de la ville de Venise. C’est beau de voir trois générations réunies, mais le plus extraordinaire est l’amitié qui règne entre ces deux familles depuis trois générations : les parents de Nathalie, Élisabeth et Gérald, sont des amis très chers à Adrien et moi ; Sylvie et Herbert entretiennent une relation privilégiée avec Nathalie et Jair. Les filles Saint Louis, quant à elles, s’entendent à merveille avec mes petits garçons. Voilà des liens solides ! Ce voyage tient ses promesses.