Soeur Pascal de la Vierge Jolicoeur dite De Bello

27 Aout 1939 – 9 Aout 2024

Mère Pascal créait un impact dès le premier contact. Son ton assuré, témoignant de ses convictions, expliquait sans doute en partie cette forte impression qu’elle laissait instantanément. 

À la fin des années 60, fraîchement revenue de La Sorbonne à Paris, elle devint professeure de latin à Sainte Rose de Lima. Un jour, avec la confiance qui la caractérisait, elle fit référence au « De Bello Gallico » de Jules César dans l’une de ses classes. Ses élèves n’avaient pas idée de ce qu’était cette œuvre et le pourcentage de curieuses parmi elles à avoir cherché à s’informer s’avérait faible.  Cependant, grâce à ce cours, un consensus s’effectua autour d’un nom choisi pour montrer l’admiration qui lui était vouée : « Mère Pascal de Bello ». Cette appellation permettait aussi de la différencier de Mère Pascale de la Présentation Georges, qui, comme elle, était professeure de latin à Sainte Rose. Également très aimée, Mère Pascale Georges est partie pour l’au-delà en octobre 2018. 

Par ailleurs, Mère Pascal de Bello était aussi professeure de français, ce qui lui offrait l’opportunité de transmettre des valeurs à travers les œuvres qu’elle faisait découvrir à ses élèves. Par exemple, elle donna la belle leçon qui consiste à apprendre à regarder avec le cœur, pour pratiquer la tolérance, l’amour et le respect en faisant entrer ses élèves dans les profondeurs du « Petit Prince » de Saint-Exupéry. Elle fit également le point avec « Les Misérables » de Victor Hugo : elle précisa notamment qu’elle n’avait pas de respect pour celles qui trichaient. Elle n’éprouvait pas plus de considération pour elles que pour Jean Valjean au moment où il se laissa aller à ses bas instincts et vola l’argenterie de l’évêque qui l’avait hébergé….

Dans ses classes de littérature haïtienne, Mère Pascal sut également transmettre l’amour de son pays, Haïti.  C’est avec fougue et enthousiasme qu’elle présentait avec admiration les talents haïtiens : Frédéric Marcelin, Fernand Hibbert, Jean Price Mars, Etzer Vilaire, Anténor Firmin, Léon Laleau, Jacques Roumain et tant d’autres. 

Lors d’un cours, la forte Mère Pascal nous révéla son cœur sensible en affirmant sans pudeur qu’elle pleurait un peu plus à chaque relecture du roman « Gouverneurs de la Rosée » de Jacques Roumain. 

Faisant preuve d’un inlassable dévouement, elle mit ce cœur sensible au service des enfants de Saint-Antoine avec le « Patronage ». Elle partageait avec passion la Parole de Dieu aux semeuses qu’elle formait. La Parole de Dieu devait être vivante pour ces enfants défavorisés. C’était une force et un refuge, martelait-elle. 

Elle était religieuse et respectait les commandements de Dieu. Elle le prouva au chevet de ses parents qu’elle soigna et assista quand ils furent frappés par la maladie.  « Tu honoreras ton père et ta mère ».  De façon générale, elle montrait comment faire. C’était une inspiration à suivre. 

« On apprend chaque jour, on apprend toujours, voilà pourquoi la vieille ne voulait pas mourir » aimait dire Sœur Pascal qui fut ainsi une enseignante hors pair. Elle apprit beaucoup aux autres et laisse une empreinte indélébile sur tant de personnes touchées par elle. Bravo Mère Pascal à présent repartie vers le Père après une mission bien accomplie. Et maintenant, que ton âme repose en Paix. Nous ne t’oublierons pas.