Je suis de bonne humeur à l’idée de visiter encore une fois Capri que j’ai la chance de déjà connaître, l’ayant découvert en 1985. J’en ai gardé un excellent souvenir. Notre bateau accoste à Naples à 7:00 am et notre tour durera 10 heures ; c’est le plus long que nous n’ayons jamais pris et il commence dès 7:30 du matin. Je ne me plains pas de devoir me réveiller tôt. La journée s’annonce belle dans la baie de Naples où nous allons voir Capri, Sorrento et Pompéi.
Notre guide, Monica, rencontrée sur le port de Naples, a la chaleur latine. Elle est très sympathique et se révèle tout au long de cette journée un excellent leader pour notre grand groupe.
La traversée de Naples à Capri est finalement plus longue que ce que j’avais gardé en mémoire : elle dure une heure. Le ferry est fermé avec des lucarnes ne laissant pas voir grand-chose, ce qui me permet de somnoler un peu et sans regret.
À notre arrivée à l’île de Capri, nous accostons au port, encombré de nombreux touristes, et nous faisons immédiatement la queue pour prendre le funiculaire qui mène à la ville de Capri. Dès l’arrivée sur la plate-forme d’accueil où nous dépose le funiculaire, la vue que nous découvrons est spectaculaire, car la ville est placée au haut d’une falaise. Monica nous accorde deux heures de promenade à notre propre rythme.
Que c’est beau de regarder la mer d’un bleu resplendissant dans laquelle les montagnes abruptes semblent se jeter, alors que s’y reposent ou glissent de nombreux bateaux. Les bougainvilliers placés au bord des clôtures sont en fleurs et nous régalent de merveilleuses couleurs vives.
Capri est pittoresque, mais est aussi connue pour son shopping. Puisqu’il nous est accordé deux heures de visite libre dans cette ville, Adrien et moi commençons par longer la rue commerciale principale, la Via Frédérico Serena. Son étroitesse, sa pente douce, avec, des deux côtés, des magasins aux jolies vitrines attirantes lui donnent un charme fou. Nous nous laissons attirer par un magasin de chemises et robes de lin aux lignes pures et simples, caractéristiques de l’Italie. Ce magasin, le Vinaccia Franco, offre le linge parfait à porter quand il fait chaud, en l’occurrence, du linge qui nous sera utile en Haïti. Essayage rapide avec des vendeurs compétents qui nous permettent d’emporter chacun un souvenir dont nous jouirons.
Nous continuons notre promenade. Un peu plus bas, sur cette même rue, une jeune fille avec un vaporisateur en main nous propose d’essayer un parfum. Il est agréable et cela nous incite à entrer visiter la parfumerie Carthusia. Les parfums sont fabriqués sur place. Il est beau et intéressant de voir les parfumeurs au travail dans ce décor soigné. J’ai un coup de cœur pour celui qu’ils appellent « Fiori di Capri » et je m’offre un petit flacon. Je l’utilise maintenant avec parcimonie et regrette de ne pas l’avoir acheté en plus grande taille. Il est inhabituel, floral et très agréable. Toutes les fois où je le porte, il me rappelle cette belle île de Capri.
Nous continuons pour nous diriger vers le beau jardin de Capri qui surplombe la mer. De ce jardin haut perché, on peut voir les trois rochers Farraglioni émergeant de la mer. Ces trois rochers sont emblématiques de Capri et sont beaux à voir. Ils témoignent de la force de la nature, le mouvement continu des vagues ayant pu sculpter ainsi ces éperons de rochers qui sortent de l’eau.
Pendant notre promenade à pied dans les charmantes rues de Capri, je remarque ce qu’ils appellent un bar à chien : dans un enclos au pied d’un mur, une bassine remplie d’eau propre pour abreuver les chiens. C’est le genre de choses qui me rend triste quand je visite les pays développés. Elles me ramènent à la dure réalité que les humains des pays pauvres ne sont pas traités avec autant d’égard que les animaux des pays riches.
Quand nous retrouvons Monica au port de Capri, dans le village de Marina Grande, elle s’est déjà procuré les billets pour la traversée en ferry de Capri à Sorrento. Sorrento est la première ville de la côte Amalfitaine classée au patrimoine de l’Unesco. Il est très plaisant de voir la ville et ses murailles à partir du ferry qui nous y amène. La promenade en bus, du port au centre de la ville placé sur une terrasse surplombant la mer, est belle et la végétation sur le trajet est luxuriante.
À notre arrivée dans la ville de Sorento, j’ai un très fort sentiment de déjà vu qui se confirme à notre premier arrêt à un magasin de marqueterie, le A. Gargiulo & Jannuzzi à la Piazza Tasso. Je me revois là comme si c’était hier. Je regarde la démonstration du travail de marqueterie avec des yeux de connaisseur, les détails de ce procédé artistique me revenant en mémoire avec une précision qui me surprend et m’épate. Adrien a un doute quand je lui dis que nous sommes déjà venus ici. Mais son doute s’efface au moment où je lui montre des meubles de salle à manger qui ont failli lui faire faire une folie il y a 32 ans. À l’époque, Adrien était en poste d’expatrié à la Banque de Boston de Douala au Cameroun. Nous n’avions pas les moyens financiers de nous offrir une table et des chaises aussi merveilleuses, véritables pièces de collection. Pire encore, nous n’avions où les mettre. Il m’avait malgré tout fallu user de beaucoup d’arguments pour dissuader mon mari de faire cette acquisition.
Aujourd’hui, c’est la faim qui nous a épargné cet achat, car Adrien possède un goût fidèle. Il est une fois de plus très tenté par cette table, mais réalise que la transaction commerciale avec les papiers à remplir pour une livraison en Haïti prendrait du temps et ne nous laisserait pas l’opportunité de manger.
Les délicieuses pizzas dégustées à Pizzeria Aurora, juste à côté de A. Gargiulo & Jannuzzi nous font nous sentir bien. La bière bien frappée, qui les a accompagnées, nous permet de réaliser que nous avons passé un bon moment à Sorrento, même si nous n’avons pas eu le temps de voir autre chose que ce magasin de marqueterie avec des pièces de toute beauté, de toutes tailles et à tous les prix : encadrements, plateaux, sous-verres, meubles, etc.
Inutile de préciser que nous n’avons pas eu le temps de jeter un coup d’œil sur les endroits chaudement recommandés à voir à Sorrento, comme l’église de Saint-François-d’Assise, le musée Correale ou le parc avec vue sur le golfe… il faudra donc que je revienne un jour à Sorrento ! Et je pense que ce jour-là, le magasin A. Gargoulette & Jannuzzi nous vendra une pièce.
Il est déjà temps de se rendre à Pompéi, ville-musée qu’Adrien et moi n’avons pas pu visiter en 1985. Notre groupe était arrivé trop tard sur les lieux et l’accès à la ville était déjà fermé. Cette visite est donc la première que nous faisons de Pompéi. Incroyable que cette ville de l’Empire romain, détruite lors de l’éruption du Vésuve en 79 apr. J.-C., ait été oubliée pendant quinze siècles, enfouie sous les sédiments volcaniques. La ville, maintenant sortie des décombres, permet de mesurer sa grandeur d’autrefois. C’est un site archéologique extraordinaire que l’on visite en plusieurs heures tant l’espace est gigantesque. C’est fascinant de revivre la vie dans une ville romaine datant d’il y a 2,000 ans.
Deux dames, à mon avis octogénaires, font partie de notre groupe. La visite de Pompéi est intéressante et très instructive, mais fatigante du fait de la grande chaleur qui règne et des rues aux pavés inégaux sur lesquels il est usant de marcher. Le groupe, mené avec énergie par notre guide Monica, a besoin d’encouragements pour cette longue visite. Or, ces deux octogénaires mènent la danse. Bien informées et posant les questions les plus pertinentes, elles sont en tête de file et marchent sans jamais ralentir. Je pense qu’elles ont stimulé le reste du groupe qui ne serait peut-être pas arrivé au bout de la visite sans la présence de ces dames. Elles me confortent dans mon idée qu’il ne faut jamais perdre son intérêt et son enthousiasme dans la vie. C’est ce qui nous garde en bon état !
Nous retournons au bateau juste avant le départ prévu pour six heures du soir. La journée a été longue. Nous avions fait une réservation pour dîner au restaurant QSine à la cuisine fusion. C’est notre dernière soirée à bord et nous la voulons mémorable.
Le restaurant QSine est extraordinaire et excède même nos attentes avec un menu dégustation proposant des plats du monde entier présentés de manière très attrayante. Adrien et moi nous régalons et déclarons que c’est le meilleur repas pris depuis le début du voyage.
Demain, il faudra débarquer du bateau. C’est la fin de la croisière. Il est demandé à tous les passagers de mettre leurs valises devant les portes de leurs cabines avant 8 heures du soir pour que le personnel de bord les récupère et organise leur remise le lendemain matin. Après cette longue journée, nos valises ne sont pas faites à temps. Il nous faudra donc prendre l’option de débarquer très tôt avec nos valises en main, dès six heures du matin.
La nuit est, de ce fait, assez courte. Ranger les valises nous rappelle combien nous avons été gâtés de n’avoir jamais à le faire pendant ces dix derniers jours où nous avons, cependant, chaque jour visité une destination différente.
Demain matin, nous débarquerons à Rome. J’ai adoré la croisière et la recommanderai à tous ceux qui me demandent conseil pour un voyage. Je suis pourtant très heureuse de continuer ce voyage d’une autre façon pour visiter d’autres destinations attirantes : Rome, Milan et la Slovénie ! Je vais rencontrer mes enfants, mes petits-enfants, ma famille et des amis invités en Slovénie au mariage de Cloé et de Geoffrey. On dirait que ce voyage devient de plus en plus excitant !