La journée était planifiée, simple et reposante : promenade en Big Bus avec un arrêt à la roseraie et au jardin des oranges du mont Aventin. Mais Rome a trop à offrir et ses multiples attractions nous tentent. À bord du bus, nous remettons en question notre programme initial et nous décidons, non sans tergiversations, de faire, de préférence, une visite du Vatican.
Nous descendons donc au bord du Tibre, au pont Sant’Angelo que nous traversons à pied pour changer de rive et déboucher devant le château Sant’Angelo. C’est là que se vendent les tours pour le Vatican qui reçoit 30,000 visiteurs par jour. Les lignes pour permettre d’y entrer sont décourageantes. Mais l’industrie touristique a eu la brillante idée de développer un produit : les tours sans ligne. Sollicités de toute part par des rabatteurs nous invitant à acheter cette formule, Adrien et moi la choisissons sans conviction, doutant de la confiance que nous pouvons accorder à ce système. Notre guide a à sa charge une quarantaine de personnes. Avec assurance, elle fait traverser la marée humaine attendant pour visiter les lieux à son groupe et nous pénétrons ainsi l’enceinte du Vatican sans faire la queue. Finalement, le système fonctionne bien !
Tout est grandiose dans la cité du Vatican. C’est un spectacle de longer sa Grand Rue bordée de colonnes, suivie de ce cercle composé de grandes colonnes romaines, au milieu duquel s’érige un obélisque derrière lequel on voit la superbe coupole de la basilique Saint-Pierre. Extraordinaire !
Les premières galeries, par lesquelles nous accédons au Vatican, nous dévoilent des chefs d’œuvre: sculptures, tapisseries, peintures, que nous admirons en marchant sur des parquets superbes et abrités par des plafonds de toute beauté. Nous arrivons ensuite à la galerie exposant les cartes de géographie. Comme ces cartes d’Italie m’impressionnent ! Comment atteindre une telle précision avec les moyens de l’époque ?
De religion catholique, je suis impatiente d’arriver à la Chapelle Sixtine, conclave, lieu où sont enfermés les cardinaux lors de l’élection d’un Pape. Le vote se fait sous l’inspiration de l’Esprit-Saint et il est normal que l’on impose, pour entrer dans ce lieu saint, un code vestimentaire, le silence et l’interdiction d’y prendre des photos. Malheureusement, la foule de visiteurs est compacte, l’endroit trop touristique et je n’y ressens aucune émotion dans ce lieu où je suis déçue de ne pas pouvoir me recueillir. La surveillance me paraît impossible à opérer, mais elle y est pourtant stricte et très efficace. Un homme de notre groupe a enlevé son cellulaire d’une de ses poches pour rapidement faire une photo. Le geste a été repéré au même moment par la sécurité qui s’est approchée de lui. Sans mot dire, elle l’a tenu sévèrement par les bras pour le diriger vers la sortie. Notre guide, qui respectait le silence imposé, n’a pu parler, mais son regard fut expressif. À la sortie de La Chapelle, elle nous a fait savoir combien l’incident était regrettable, mais nous a rappelé qu’elle avait pris la peine de bien nous indiquer les règles à suivre à l’intérieur.
Nous visitons ensuite la majestueuse basilique Saint-Pierre. L’espace étant gigantesque, le public, dont je fais partie, s’y sent plus à l’aise que dans La Chapelle Sixtine où nous faisions du coude à coude. Tout y est beau, riche et spectaculaire, mais, une fois de plus, ce lieu de prière est devenu touristique et n’invite pas au recueillement.
Même devant la scène poignante de La Pietà de Michel-Ange, merveilleuse sculpture de la Vierge Marie tenant dans ses bras son fils agonisant, je ne ressens pas l’émotion d’une chrétienne, ou tout simplement celle d’une mère. Je suis fâchée que l’acte d’un fou, voulant la détruire, ait obligé les responsables à mettre cette œuvre d’art derrière une vitre blindée qui renvoie les reflets des flashs incessants des caméra. J’en veux à cette vitre blindée qui, brusquement, met une énorme distance entre Marie, Mère chérie, et moi. Je la rends responsable de mon détachement devant cette œuvre que, pourtant, elle protège. Je m’énerve de sentir que tous ceux qui s’approchent de La Pietà n’ont nullement le désir de se laisser attendrir par ce chef-d’œuvre, mais sont plutôt obnubilés par leur désir de poster sur un réseau social une photo d’eux devant cette statue.
La visite du Vatican a duré quatre heures, a été enrichissante, mais elle nous a ouvert l’appétit. Nous en sortons assoiffés et affamés. Une bonne bouteille d’eau glacée achetée à la sortie nous retape un peu et nous mangeons avec appétit une lasagne et de la salade fraîche avec mozzarella.
Nous allons à l’hôtel nous rafraîchir, pour ensuite longer à pied la jolie sinueuse via Venetto à la recherche d’un restaurant pour dîner. Nous examinons les différents menus affichés sur les trottoirs, la quantité et la qualité des clients, les sites, les bruits, les ambiances et nous finissons par choisir le restaurant « il Gazebo », avec son pavillon vitré, fermé et climatisé placé sur le large trottoir. Cet endroit offre bien des avantages : la climatisation est bienvenue, puisqu’il fait chaud et le vacarme des chauffeurs italiens, qui n’hésitent pas à presser sur le champignon, est atténué, puisque l’endroit est fermé.
Le dîner est bon, cependant les points forts de la soirée demeurent le vin rouge, Ruffino Reserva ducale 2013 — Chianti Classico et les profiteroles ! Ce dessert est délicieux et le simple fait d’écrire combien il était bon me fait monter l’eau à la bouche.
Nous faisons une courte marche digestive pour retourner à l’hôtel. Quel plaisir de visiter Rome !